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Bernard le fondateur
Bernard de Clairvaux
BIBLIOGRAPHIE
L'abbaye de Clairvaux (2005)
Gilles Vilain / Jean-François Leroux
Éditions Guéniot
Clairvaux. État des lieux (2011)
Jean-François Leroux / Virginie Bianchi
Éditions Guéniot
Histoire de Clairvaux
Actes du colloque de 1990 (réédition en 2015)
Association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux
La construction d’un nouveau monastère débute en 1135, à 400 m à l’est de l’ancien, sur l’emplacement de l’actuelle abbaye. Financés par le comte de Champagne et le roi d’Angleterre, les travaux connaîtront plusieurs phases tout au long du Moyen Âge.
L’agencement des bâtiments est le prototype-même du plan dit bernardin, synthèse de la tradition bénédictine et du mode de vie cistercien centré autour du cloître. Le principal vestige qui nous reste de cette abbaye médiévale est le bâtiment des convers, constitué d’un réfectoire et d’un cellier au rez-de-chaussée, d’un dortoir à l’étage et de combles.
À la mort de Bernard en 1153, 888 actes de profession de moines passés par Clairvaux sont retrouvés dans sa cellule, dont celui d’Eugene III, pape de 1145 à 1153. L’abbaye compte déjà 169 « filles » en France et en Europe, preuve de son renom. En 1250, 339 « filles » de Clairvaux seront recensées sur les 651 abbayes cisterciennes existant, dont les trois quarts hors de France.
Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye de Clairvaux rayonne dans toute l’Europe sur le plan spirituel, mais aussi intellectuel avec la constitution par les moines d’une bibliothèque parmi les plus importantes de l’Occident médiéval. Le rayonnement de Clairvaux est aussi économique avec le développement du « réseau des granges », qui place l’abbaye à la tête d’un patrimoine foncier considérable.
« Partout où le vent vente, Clairvaux a rente », dit-on alors sur le plateau de Langres…
Avec un cellier, 6 granges, 1 832 hectares de bois et 355 hectares de terres cultivables, l’abbaye de Clairvaux possède déjà une activité économique largement bénéficiaire à la mort de Bernard.
L’idéal cistercien de pauvreté qu’il prêche, basé sur le travail, la prière, l’isolement et les dons, est brisé dès les premiers achats de terres que refusait Bernard.
Au XIIIe siècle, ce mode d’acquisition prend le pas sur les dons, avec pour conséquence l’incroyable essor économique de l’abbaye.
Le "réseau des granges" comptera jusqu’à 44 centres d’exploitation agricole et industrielle, où travaillaient les frères convers. Ces religieux barbus, non soumis à toutes les règles de la vie monastique, effectuent les tâches domestiques et les travaux à l’extérieur de l’abbaye. L’activité économique de l’abbaye de Clairvaux prospère alors dans de nombreux domaines :
- agriculture (4 000 hectares de terres labourables, permettant au XIIIe siècle de distribuer chaque mois 1 300 miches de pain aux pauvres) ;
- viticulture (230 hectares de vignes et une cuve d’une capacité de 500 tonneaux) ;
- sylviculture (15 000 hectares de forêts) ;
- élevage (60 à 400 porcs par grange et un troupeau de 5 000 ovins au XVe siècle) ;
- sidérurgie ;
- exploitation du sel.
La proximité de Troyes et Bar-sur-Aube, véritables capitales économiques à l’époque des foires de Champagne, et les nombreuses franchises obtenues dans tout l’Occident placent l’abbaye au cœur du commerce médiéval permettent de se constituer un patrimoine foncier et financier considérable avec, outre 25 000 hectares de terres, quelque 133 maisons et 43 moulins lui appartenant au XIVe siècle. À ce patrimoine s’ajoutent les rentes en espèces perçues par les moines, violant les principes fondateurs de l’ordre cistercien mais permises dès la fin du XIIe siècle...
Dans l’enceinte de l’abbaye, les moines consacrent leurs journées à la prière, à la lecture, à la méditation et au travail d’écriture au scriptorium. Certains copient les livres saints, les grandes œuvres de la culture antique ainsi que les principaux traités universitaires contemporains.
Maîtres en enluminure, les moines utilisent jusqu’au XIIIe siècle un style monochrome qui proscrit toute représentation animale ou humaine, contrairement à la tradition bénédictine riche en couleurs et dessins. Les ouvrages sont décorés de lettres peintes d’une seule couleur en camaïeu ; la Grande Bible de Clairvaux en est la forme la plus aboutie.
La bibliothèque de Clairvaux s’enrichit progressivement, reflétant l’évolution des savoirs et les débats qui animent la vie intellectuelle au Moyen Âge.
L’inventaire réalisé en 1472 à la demande de l’abbé Pierre de Virey recense 1 790 volumes manuscrits, qui constituent l’un des fonds monastiques les plus importants de l’Occident médiéval. À la Révolution, l’ensemble des ouvrages est transféré à Troyes. Cette bibliothèque de 1472, conservée dans sa majeure partie à la médiathèque du Grand Troyes, a été inscrite au registre Mémoire du Monde par l’Unesco en 2009.
En juin 2015, plus d’un millier de manuscrits de la bibliothèque de 1472 de Clairvaux sont mis en ligne à l’occasion des 900 ans de l’abbaye de Clairvaux.
En savoir plus
Comme la plupart des établissements monastiques, Clairvaux connaît une phase de déclin aux XIVe et XVe siècles, marqués par le début de la guerre de Cent Ans (1337-1453) et l’épidémie de peste noire (1348). Cette période d’insécurité fragilise le patrimoine foncier et les revenus de l’abbaye. De plus, le grand schisme de l’Église (1378-1417) entraîne une diminution des vocations religieuses. La majorité des exploitations sont alors louées et, certaines, abandonnées.
Après une accalmie, qui rime avec la construction d’une nouvelle bibliothèque, d’écuries et de l’hostellerie des Dames au début du XVIe siècle, Clairvaux tombe sous la menace. Viennent ensuite les guerres de religion. Le 29 septembre 1587, 40 000 soldats allemands campent devant les portes de l’abbaye, qui devra son salut à la subite montée de l’Aube et à l’arrivée de l’armée du duc de Guise. Cette période de troubles se poursuit pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648).
Dans le même temps, le concile de Trente (1545-1563) entraîne un profond mouvement de réforme dans l’ordre cistercien, qui se traduit en 1608 à Clairvaux par la réintroduction du silence, l’abstinence de viande et le travail manuel. Plusieurs granges sont alors reprises en main par des frères convers. Pourtant, le nombre de religieux ne cesse de baisser, chutant à 40 moines et 20 convers en 1697.